L’année 1896 marqua le début en France d’une campagne en soutien au peuple arménien, dont de nombreux membres avaient été massacrés par leurs homologues musulmans en Turquie. Menée principalement par des intellectuels et des politiciens de gauche tels que Jaurès, Clémenceau et France (bien que certains catholiques de droite, dont Lerolle, aient également joué un rôle important), la campagne déclencha un débat qui s’étendit au-delà des chambres parlementaires pour gagner les rues et la presse, au point d’impliquer également le grand public. Outre les discours et les pamphlets qu’elle inspira, la campagne donna naissance à une littérature qui entretient une relation intense, bien que contradictoire, avec la culture française.Aux côtés d’œuvres exprimant leur solidarité avec les souffrances des Arméniens, on trouve des écrits plus ambivalents (comme ceux de Gohier et de Gaultier de Saint-Amand) qui, tout en prétendant soutenir la cause, la sapent en réalité ou l’utilisent comme prétexte à d’autres fins. Une exception notable fut Pierre Loti, qui entreprit sans hésitation une défense presque solitaire de ses amis turcs. Cet article analyse les différents arguments avancés, dans le contexte des croyances idéologiques de ceux qui soutenaient ou s’opposaient à la cause arménienne.
LA NARRATION DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN : CONFRONTATION DES ENJEUX ET DES MODÈLES RHÉTORIQUES
angela di benedetto
2024-01-01
Abstract
L’année 1896 marqua le début en France d’une campagne en soutien au peuple arménien, dont de nombreux membres avaient été massacrés par leurs homologues musulmans en Turquie. Menée principalement par des intellectuels et des politiciens de gauche tels que Jaurès, Clémenceau et France (bien que certains catholiques de droite, dont Lerolle, aient également joué un rôle important), la campagne déclencha un débat qui s’étendit au-delà des chambres parlementaires pour gagner les rues et la presse, au point d’impliquer également le grand public. Outre les discours et les pamphlets qu’elle inspira, la campagne donna naissance à une littérature qui entretient une relation intense, bien que contradictoire, avec la culture française.Aux côtés d’œuvres exprimant leur solidarité avec les souffrances des Arméniens, on trouve des écrits plus ambivalents (comme ceux de Gohier et de Gaultier de Saint-Amand) qui, tout en prétendant soutenir la cause, la sapent en réalité ou l’utilisent comme prétexte à d’autres fins. Une exception notable fut Pierre Loti, qui entreprit sans hésitation une défense presque solitaire de ses amis turcs. Cet article analyse les différents arguments avancés, dans le contexte des croyances idéologiques de ceux qui soutenaient ou s’opposaient à la cause arménienne.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.